« Peu de temps après notre installation nous avons entamé une transformation de l'exploitation familiale ; mus tous les deux de la même passion, nous avons créé ensemble sur la ferme une grande Maison d'accueil pour chevaux retraités ou convalescents ; pour cela nous avons remis en prairie la totalité des terres de labour, planté 10 km de haies brise-vent d'essences locales, construit de vastes abris en bois, et débuté la conversion Bio de toute l'exploitation en 2005, afin d'offrir à nos pensionnaires un cadre de vie idéal, et produire leur fourrage de qualité (foin de prairie, et litière bio de panic érigé que nous cultivons). Cette activité de pension pour chevaux en pleine nature avec soins et accompagnement a eu un grand succès et notre capacité d'accueil était de 120 pensionnaires à l'année. Nous avions alors deux salariés pour nous épauler.
Parallèlement nous avons entièrement replanté la cour cauchoise de la ferme en pommiers haute-tige de variétés anciennes, et en poiriers de Fisée (variété typique dieppoise). Aujourd'hui les arbres ont une vingtaine d'années et sont pleinement épanouis. Nous avons également reformé et replanté le talus cauchois qui entoure ce corps de ferme typique dont nous avons restauré tous les bâtiments agricoles.
Malheureusement, nous nous sommes trouvés impactés par un grand projet routier, le prolongement de la RN27 en 2x2 voies entre Rouen et Dieppe, qui coupe aujourd'hui notre exploitation en diagonale. Ce projet routier nous a valu une âpre et longue bataille judiciaire pour faire reconnaitre l'ampleur des conséquences de ces travaux sur notre activité, puis pour en être indemnisés. Après presque 10 ans d'échanges, expertises, procédure d'expropriation, et malgré toutes les forces que nous avons pu déployer pour tenter de sauver notre Maison de retraite pour chevaux, l'Etat a finalement pris possession de l'emprise routière en 2015, nous contraignant à cesser cette activité.
La prise de possession de l'emprise routière par l'Etat en 2015 a entrainé l'arrêt de notre activité équine, le départ de tous nos pensionnaires et le licenciement des salariés, et après deux années difficiles de réflexion concernant notre avenir, nous avons progressivement remis sur pied une nouvelle activité sur la ferme, toujours entièrement certifiée agriculture biologique, autour du triptyque : arbres fruitiers/abeilles/céréales anciennes.
Notre verger haute-tige était déjà en pleine production, ce qui nous a permis de lancer rapidement l'activité jus de pomme ; nous nous sommes associés en CUMA avec trois autres producteurs Bio afin d'investir dans du matériel de pasteurisation et de mise en bouteille ; depuis quatre ans, nous produisons chaque année en moyenne 12000 litres de jus que nous vendons localement en Biocoop, épiceries locales, et en vente directe sur quatre marchés hebdomadaires.
Afin de consolider et développer cette activité, nous avons entrepris depuis deux ans la replantation de pommiers et poiriers haute-tige sur les parcelles attenantes à notre corps de ferme, dont celles de nos propriétaires belges. L'objectif est d'atteindre une surface de 50 hectares de vergers haute-tige en pommiers, poiriers, cognassiers, et néfliers. Les haies brise-vent sont toujours en place ce qui confère une bonne protection pour les arbres.
Nous avons également mis en place un atelier apiculture. Aujourd'hui notre rucher compte une cinquantaine de ruches de production, avec un objectif de 100 ruches. Le miel est proposé en vente directe sur nos marchés.
Et, troisième volet de cette réorientation, la production de céréales anciennes pour proposer également de la farine et du pain sur les marchés ; nous nous sommes rapprochés de l'association Triticum dès sa création afin de participer à la multiplication des semences de blés anciens. Nous sommes depuis trois ans en phase de multiplication de ces semences, et nous serons en mesure de proposer nos premières farines de blé/sarrasin/seigle suite à la récolte 2024. Parallèlement, nous sommes en pleine reconstruction/rénovation du four à pain traditionnel de la ferme. »
La ferme des Belles Terres c’est donc une histoire mouvementée, qui explique la volonté des fermiers de penser l’avenir en réfléchissant aux moyens de transmettre aux générations futures un modèle agricole viable économiquement et écologiquement tout en garantissant, grâce à l’acquisition par Terre de Liens, une partie du foncier de la ferme contre le démantèlement et/ou le changement de pratiques agricoles.
Si cette histoire vous a touché, et si vous souhaitez y contribuer en aidant Terre de Liens dans son acquisition, nous vous invitons à participer à cette cagnotte qui permettra d’acquérir 35 des 83 ha de terres de la ferme des Belles Terres.
L'actionnariat solidaire : soutenir une dynamique sur le long terme
Les souscriptions nous permettent d'acquérir le foncier et les bâtis agricoles ainsi que les habitations qui vont accueillir les paysan·nes. Après l'acquisition, vous pouvez continuer à soutenir cette ferme car les nouvelles souscriptions viendront remplacer celles des actionnaires qui ont décidé de récupérer leur épargne. L'argent collecté permettra d'assurer la préservation et la réhabilitation du patrimoine bâti de la ferme (rénovation écologique, toiture, forages, mises aux normes, énergies renouvelables, etc.).”
